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Chapitres 11 à 15

XI

Les nuages s'écartaient au passage des Jets Tengus. Les appareils japonais fonçaient à vive allure vers les Kirovs soviétiques qui, imperturbables, avançaient vers la base.

L'ennemi est en vue, s'exclama Kubayashi dans l'intercom. N'oubliez pas que notre objectif premier est de détruire les dirigeables, les escorteurs ne doivent être abattus que s'ils deviennent un trop problème trop épineux.
A vos ordres lieutenant ! Répondit avec enthousiasme la vingtaine de pilote qui constituait l'escadrille.

Nous savons que la coque de ces ballons est trop résistantes pour être percée directement, attaquez en priorité les réacteurs et les hélices.

Du côté soviétique, les officiers présents sur le pont des Kirovs étaient d'un calme olympien, confiant dans la résistance de leurs monstres volants et dans la puissance des escorteurs Migs.
Le capitaine du dirigeable-bombardier de tête se penchait d'avant en arrière, attendant d'être mis en communication avec son général, l'homme qui avait déclenché cette attaque.
Une jeune femme aux multiples nattes blondes, aux yeux noirs et à la voix rauque était assise devant un écran et pianotait frénétiquement sur son clavier.

Camarade, lança-t-elle à l'attention de son capitaine, nous recevons la communication souhaitée.
Enfin ! souffla l'officier. Ouvrez le canal.

Un léger grésillement se fit entendre sur la passerelle et la voix tonitruante d'un homme résonna à travers les haut-parleurs.

Capitaine Starkov, que voulez-vous ?
Selon votre volonté camarade général je viens vous tenir au courant de la situation. Des forces aériennes japonaises sont en approche, nous ne devons plus être très loin de leur base !
Excellent capitaine. Éliminez ces moucherons sans vous arrêter, cette base doit être tombée avant l'aurore sinon la propagande japonaise tirera partie de la situation !
A vos ordres !
Je vous laisse capitaine, j'ai des affaires à régler; j'ai bien peur que notre informateur n'est été découvert.

Le grésillement se fit entendre à nouveau puis le silence relatif de la passerelle revint. Malgré la confiance de l'équipage, l'atmosphère était lourde et emplie d'inquiétude comme avant chaque bataille. Seul le bruit sourd des moteurs du Kirov déchirait cette ambiance pesante.
Starkov se pencha et se saisit d'un interphone relié au tableau de bord.

Mettez-moi en communication avec nos chasseurs. Ordonna-t-il à la jeune femme blonde.
A vos ordres !

Elle activa un canal par l'intermédiaire de son pavé de commande.

Vous pouvez donner vos instructions camarade capitaine.
Ici le capitaine Starkov ! Je viens de recevoir à l'instant les directives du général Gama: l'affrontement contre les chasseurs impérialistes ne doivent pas ralentir notre progression. A tous les pilotes des Migs, vous devez détruire ces chiens pendant que nous continuons vers la base !
Groupe 1, ordres reçus et compris !
Groupe 2, ordres reçus et compris !
Camarades, n'oubliez que les yeux de toute la...
Camarade capitaine !

Les Jets Tengus se jetèrent à travers l'armada soviétique comme des moustiques furieux,  les mitrailleuses laser déchargeant leurs mortels rayons contre les relatifs points faibles des dirigeables communistes. 

Tenshin, Shigeru avec moi ! Hurla Kubayashi dans l'intercom.
Les trois appareils se mirent en formation d'attaque, dépassèrent un Kirov et firent demi-tour, se retrouvant alors face aux réacteurs de ce dernier.

Visez ses turbines ! Ordonna le lieutenant impérial.

Les Jets Tengus firent feu dans le réacteur. Des explosions se produisirent mais l'énrome dirigeable ne s'arrêta pas pour autant.
Des chasseurs russes les prirent alors en chasse tandis qu'autour d'eux la bataille faisait rage. Les Tengus grâce à leur extrême maniablité arrivaient à infliger de lourds dégâts aux Kirovs en évitant de se faire abattre par des Migs, plus puissants et plus blindés.

Y'en a un qui me colle ! Vociféra le pilote Tenshin en tentant mille manœuvres pour échapper au coriace chasseur soviétique.
On décroche les gars ! ordonna Kubayashi

A ce moment un flot de balles de gros calibre se déversa dans leur direction alors que le Mig ouvrait le feu. Le tirs touchèrent l'appareil du pilote Tenshin, découpant une partie de son aile droite et endommageant sérieusement l'arrière.

Il m'a eu ! hurla le pilote japonais alors que la sueur lui coulait sur le front
Pose-toi.
Négatif lieutenant le système de transformation est HS.

Les tirs du chasseur russe reprirent de plus belle.

Il faut qu'on décroche, exécution ! Lança Kubayashi à ses escorteurs, dans l'intercom.
A vos ordre lieutenant, acquiesça Shigeru.
[...]
Tenshin ?
[...]
Tenshin ! Décroche c'est un ordre.
Je ne pourrais pas...Lieutenant, gagnez cette bataille au nom de l'empereur !

Tenshin coupa la communication et posa son regard sur le réacteur arrière d'un des Kirovs qui semblait avoir subit pas mal de dégâts. D'un revers de sa main gantée le pilote essuya son front en sueur et braqua en direction du réacteur ennemi. Le chasseur russe derrière lui recommença à déverser une pluie de mort sur son appareil, déchiquetant petit à petit la carlingue, puis commença à verrouiller un missile.

Alerte, séquence de visée initialisée. Lança l'informatique voix féminine à bord du Tengu de Tenshin.
Qu'est-ce que ça peut me faire, plaisanta le pilote et piquant droit vers le réacteur du Kirov.

La vitesse du Tengu atteignit un stade critique alors que le chasseur russe lança son missile. Tenshin jeta un regard furtif sur son radar: le missile ne le toucherait pas à temps. Il planta à nouveau son regard sur le réacteur principal du Kirov et hurla de toute la force de ses poumons.

Salut mon gros ! J'ai un petit cadeau pour toi !!!

En une fraction de seconde le Jet Tengu percuta le réacteur du Kirov et explosa en une gigantesque boule de feu qui enflamma les réservoirs du dirigeable. La coque du monstre s'éventra, vomissant flamme et débris et se fissura alors que les réserves de bombes explosaient. Le Kirov dériva lentement sur le côté en chutant vers le sol...

Camarade capitaine ! Hurla un soldat russe à son officier de pont. L'appareil du capitaine Marov à été touché, il se dirige vers nous ! La collision va avoir leu dans 4, 3, 2, 1...

Le dirigeable éventré percuta de plein fouet le second Kirov. Les réserves de gaz s'enflammèrent à leur tour et une explosion de tous les diables illumina la nuit. Les flammes montèrent vers le ciel en rugissant tandis que les deux Kirovs dégringolèrent vers le sol où ils s'écrasèrent dans le plus terrible des fracas.

La joie qui emplissaient le coeur des Japonais devant le succès inespéré du sacrifice du pilote Tenshin fut de courte durée. Les missiles tirés par les Migs commençaient à abattre les Tengus rapidement.

Lieutenant, on se fait massacrés ! Lança un pilote dans l'intercom.

Kubayashi analysa la situation: ils étaient perdus. La seule solution étaient de faire la maximum de dégâts avant de mourir. Autour de lui dansaient les Tengus et les Migs, dans un étrange de mortel ballet aérien. Les laser bleutés des appareils nippons découpaient les turbines des Kirovs, mais pas assez vite pour que cela représente une menace significative par les forces soviétique.
Or perdre une bataille et en réchapper en fuyant n'était pas une option admise par les soldats impériaux, mieux valaient mourir.
Kubayashi prit une profonde inspiration et ouvrit un canal de communication pour s'adresser à tous ses pilotes survivants.

Combattants de l'Aube ! Le général Rage nous a donné l'ordre de combattre le soviétique, il nous a ordonné de défendre cette île quel qu'en soit le coût ! Vous avez fait serment à l'Empire ! Aujourd'hui, c'est avec votre vie que vous devez l'honorer ! Soldats, mes frères....engageons la technique de l'escadron final !

Le silence radio dura quelques secondes, ce qui inquiéta Kubayashi. L'Escadron final est en temps normal une attaque kamikaze effectuée par des drones aériens qui viennent s'écraser sur les cibles ennemies; aujourd'hui il venait de donner l'ordre à ses hommes de se sacrifier.
L'intercom répondit:

Pour l'Empereur ! Hurla un de pilotes qui se fit suivre par ses frères d'armes.

Les Tengus reculèrent pour se mettre hors de portée de l'escorte de Migs. Ils se positionnèrent en ligne, activant le vol stationnaire. Chaque pilote avait sélectionné un Kirov à attaquer et lorsque l'ordre serait donné, il se jèterait dessus pour le faire exploser.

Mes frères si vous avez quelque chose à dire c'est le moment ! Lança Kubayashi.
Lieutenant regardez !

Au loin un Kirov subissait une attaque terrible. De multiples explosions perçaient sa coque et il ne mit pas longtemps à rendre l'âme dans une déflagration aussi intense que magnifique.
Quelques secondes après, une multitude de chasseurs alliés de classe Appolo apparurent et semèrent le chaos dans l'armada soviétique.
La radio de Kubayashi crépita.

Tentative de connexion extérieure, source inconnue. expliqua la voix informatique
Autorisation d'ouverture. articula Kubayashi, interloqué
zz...ffff... cracha la radio

Kubayashi donna un violent coup de poing dans le tableau de bord, tandis qu'au loin les Migs soviétique tombaient comme des mouches devant l'assaut surprise des forces alliées.

Me recevez-vous ? toussa la radio
Cinq sur cinq, répondit Kubayashi. Identifiez-vous !
James T. Moody, commandement en chef de la 4eme flottille alliée. Je suis un ami du général Alexandre Rage. Je suis venu apporter mon soutien au Japon.
Sous quelle autorité ? Lança Kubayashi sur un ton soupçonneux
La mienne monsieur. Le gouvernement allié n'est pas au courant de la présence de mes troupes ici. Mes hommes et moi souhaitons la fin de l'ère soviétique, mais il semblerait que Washington envisage de pactiser avec Moscou contre vous !
Vous voulez trahir votre pays pour contrer les Soviétiques ?
Nous ne sommes pas des traîtres si nous rompons avec une nation qui nous a trahis. Finissons-en avec ces Kirovs d'abord !

Sous les ordres de Kubayashi, les Tengus foncèrent à nouveau dans la bataille.


Starkov embrassa langoureusement sa jeune subordonnée travaillant aux communication et la regarda dans les yeux.

D'où venait-ils ? Se risqua-t-elle
Ça n'a plus d'importance maintenant Sonia...

Le capitaine russe regarda impuissamment son armada se faire en pièce par ses ennemis. Les Kirovs tentaient des manœuvres malhabiles pour échapper aux chasseurs alliés mais leur masse et leur lenteur les handicapaient trop, et ils ne tardaient pas à exploser avant de s'écraser.
Sonia se blottit contre lui, tandis que sur la passerelle tous couraient, en panique devant cette débâcle.

Starkov plongea son regard à l'horizon, le soleil ne tarderait plus à se lever, il avait échouer. Une larme coula sur sa joue et il mumura:

Russie...pardonne-moi...

XII

PC de campagne maritime du général Yvan Darkhand au large du Japon.

Montée sur ses nano-pilotis, la base impériale défiait l'océan dans un silence appréciable. Les plates-formes de virtuacier déployées par les nano-cœurs permettaient la construction d'infrastructures militaires en milieu maritime. L'eau calme entourait les installations tandis que l'horizon commençait à peine à s'enflammer par le retour du soleil.
Les plates-formes étaient reliées entre elles par de grands ponts virtuels aussi blancs et propres que les structures qu'ils liaient. Des gardes impériaux y patrouillaient, maintenus aisément éveillés par l'air frais de l'océan et son odeur si particulière, tandis que d'autres se reposaient appuyés sur les murs de la base, fumant et riant.

Les centrales énergétiques de l'installation crépitaient en libérant une lumière bleutée suave vers le ciel, les nombreuses tourelles de défenses ainsi que les rampes de largage Yari demandaient beaucoup d'énergie pour être maintenues en activité. Les rampes étaient un système particulier permettant de libérer rapidement des sous-marins Yari afin de défendre la base en cas d'attaque soudaine.

Accoudé à la terrasse du centre technique, le général Yvan Darkhand tirait une bouffée sur un énorme cigare. Il fixait l'immensité de l'océan depuis maintenant une bonne demi-heure, attendant ,tout comme ses hommes, les ordres du haut commandement. Son vieil ami, l'amiral Killian Rouzov, avait été appelé quelques heures plus tôt pour défendre une base contre les forces alliées...mais lui, quand diable allait-il entrer dans l'action ?

Un coup de vent brusque fit voler sa casquette d'officier qui alla rouler le long du mur. Il alla la récupérer d'un pas lourd non sans un certain agacement et d'un geste rapide la reposa sur sa tête, encore lourde d'impatience.

C'est stupide, grogna-t-il en retournant s'accouder à la rambarde, pourquoi me faire établir une base navale alors que je commande des troupes terrestres...? Il serait temps qu'on bouge, les hommes vont finirent par prendre racines...

Il tira une bouffée sur son cigare et fit quelques ronds de fumée.

En plus il n'y a aucune distraction ici...ni alcool, ni femmes.... Lex m'a assuré que j'aurais une mission d'assaut, j'aimerais bien savoir quand !

Il se pencha pour essuyer une de ses chaussures sur laquelle était tombée un peu de cendre. Il se redressa et l'air de la mer lui déclencha un éternuement tonitruant qui lui fit lacher son cigare, lequel chuta de la terrasse et tomba à l'eau.

Il ne manquait plus que ça ! S'énerva-t-il en s'essuyant le nez grâce à un petit mouchoir blanc.

Il commença à marcher le long de la terrasse, essayant d'évacuer de sa tête cette  frustration. Une goutte d'eau vint s'écraser sur un de ses carreaux de lunettes, puis une autre sur ca casquette. Il leva les yeux en arquant un sourcil alors que la pluie commençait à tomber. L'averse fit un bruit assourdissant en tombant sur l'océan, ce qui obligea les soldats de la base à renforcer leur vigilance.
Darkhand alla se mettre à l'abri sous la toiture recourbée du centre technique en tenant sa casquette d'une main ferme. Il s'adossa au mur, ferma les yeux et écouta le bruit puissant de la pluie.

Son attention fuit interrompue par la sonnerie de son oreillette. D'un geste habitué, il activa son intercom et répondit:

Général de division Darkhand.
Mon général, le cuirassé amiral Toyotomi est en approche il sollicite des réparations.
Ah ? Enfin une bonne nouvelle ! S'enthousiasma-t-il sans réfléchir à ce qu'il venait de dire.
Pardon mon général ? Fit la voix, interloquée
Laissez...Dites au Toyotomi que nous allons leur apporter l'aide dont ils ont besoin.
Vous dites ? Je vous entends mal mon général.

Darkhand laissa échapper un juron en maudissant le vacarme provoqué par la pluie et répéta:

Dites au Toyotomi que nous allons leur apporter l'aide dont ils ont besoin.
Compris mon général.

Le canal de communication se coupa et le général de division poussa un soupir, enfin il se passait quelque chose. Une quinte de toux lui déchira la gorge et il décida de rentrer dans la centre technique afin de se rendre aux docks pour attendre le cuirassé.

Le Toyotomi était un cuirassé impérial de classe Shogun, fierté de la marine japonaise et vaisseau de commandement de l'amiral Killian Rouzov. Les courbes fines, les banderolles colorées et la puissance de ses canons avaient fait du Toyotomi un véritable empereur des mers. Néanmoins, le combat contre les troupes alliées l'avait particulièrement endommagé, la batterie de canons arrière était bloquée et une bonne partie du flanc tribord avait été enfoncée.

Amiral nous recevons une réponse. Intervint un jeune japonais, affecté aux transmissions. Le général Darkhand est disponible pour des réparations.
Je n'en attendais pas moins ! S'exclama triomphalement l'amiral. Pleine vitesse et cap sur le PC maritime
A vos ordres amiral !

Killian fit quelques pas sur la passerelle et sentit les moteurs faire vibrer son vaisseau. Il jeta un regard à l'extérieur et observa les deux escorteurs Naginatas activer leurs moteurs principaux. Le Toyotomi accéléra et fonça en direction de la base de son vieux frère d'arme.

Le général Darkhand arriva aux docks où ses hommes préparaient le quai pour accueillir le cuirassé. Un japonais de grande taille avec des épaules de bûcheron vint à sa rencontre, il portait un pantalon jaune et crasseux, un haut blanc badigeonné d'huile, une paire de bottes marrons entaillées de tous les côtés et une casquette molle dont la visière était en partie trouée.
L'homme, qui faisait bien une tête de plus que son général, s'essuya le front d'un revers de la main, remplaçant de ce fait la sueur par de l'huile noirâtre.

Mon général, le quai sera bientôt près à recevoir le vaisseau. Les hommes ont fait aussi vite qu'ils ont pu.
Excellent travail !
Mon général, puis-je présenter une requête ?
Bien entendu, lança Darkhand avec un sourire
Pouvons-nous, mes hommes et moi prendre une pause maintenant afin d'être d'aplomb pour nous occuper des réparations ?
Accordée ! Prenez votre pause, du moment que le Toyotomi soit remit à flot à temps.
Merci mon général ! Fit le colosse en s'inclinant

Il s'éloigna pour aller prévenir ses hommes laissant Darkhand seul avec ses pensées.
Le général se dirigea vers un bureau près du quai. A l'intérieur un contremaitre et un garde impérial discutaient bruyamment. Sur la petite table se trouvaient ça et là une cafetière à moitié pleine, un paquet de cigarette vide, une carte maritime roulée, une pile de dossier et deux ou trois revues.
A la vue du général, les deux hommes se mirent au garde-à-vous. Darkhand entra dans le bureau et salua rapidement se subordonnés.

Repos messieurs, fit-il. Passez moi une chaise et une tasse de café plutôt.
Tout de suite ! Fit le contremaitre en dépliant une chaise rudimentaire qui jurait avec la modernité du bureau.
Voilà, lança le garde en tendant le café.
Merci soldats.

Darkhand s'assit et bu une gorgée de café. La chaleur du breuvage lui fit un bien fou. Il posa sa casquette sur la table et son regard se fixa immédiatement sur les revues.

Dites donc...fit-il sur un ton accusateur en se saisissant d'un des magazine.

Une splendide jeune femme posait nue sur cette revue au titre japonais. Les deux soldats se regardèrent, une lueur d'angoisse dans les yeux.
Darkhand ferma les yeux et hocha la tête avec un sourire amusé. Il reposa la revue sur la table, et trempa une nouvelle fois ses lèvres dans le café.

Je ne vais pas vous blâmer pour ça...En temps normal oui, mais nous sommes ici depuis suffisamment longtemps pour que la lassitude nous noie.
Merci mon général...fit le garde, soulagé
Mon général ? Lança le contremaitre pour essayer de détourner la conversation.
Qui y 'a-t-il soldat ?
Combien de temps allons-nous encore  rester  ici ?
Je l'ignore, soupira Darkhand, le temps que le haut commandement nous donne une autre mission. Pour le moment nous devons surveiller ce périmètre en attendant que l'on nous remplace...
Je trouve que c'est un peu gâcher des ressources militaires...se risqua le garde

Darkhand bu une dernière gorgée de café et fut coupé dans la réponse qu'il se préparait à donner par la voix de l'officier principal des transmissions qui résonna sur le quai.

Le cuirassé Toyotomi est en approche !

Sur le quai les hommes sortirent de la salle de repos et coururent mettre en branle les systèmes de réception.
Darkhand se leva, salua rapidement ses deux subordonnés et sortit sur le quai, non sans avoir oublié de remettre sa casquette.

Le cuirassé arriva dans le port avec toute sa majesté. Les moteurs avaient été arrêtés et l'énorme vaisseau de guerre se stoppa sans aucune difficulté au niveau exact des bornes de réception. De celles-ci jaillirent d'énormes bras mécaniques qui se fixèrent sur la coque du Shogun, l'immobilisant complètement. Une ouverture apparue sur le vaisseau, à hauteur du quai, et une rampe virtuelle se matérialisa. L'amiral Killian Rouzov sortit du cuirassé suivit de ses sous-officiers et de quelques soldats. Il se dirigea fièrement vers Darkhand et les deux hommes se saluèrent solennellement sans mot dire, l'un fixant l'autre. Puis il se mirent à sourire largement avant de se serrer la main avec vigueur.

Comment vas-tu ? S'exclama le général de division
Comme quelqu'un qui vient de voir son navire endommagé, plaisanta Killian
Allons ! Il n'a qu'une éraflure.
Oui, mais tu sais je pourrais couler cette marine alliée avec un canard en plastique !

Les deux amis explosèrent de rire, oubliant complètement le protocole. Killian se tourna vers ses hommes et leur fit signe d'un léger hochement de tête, ils partirent alors vaquer à des occupations diverses sur le quai, expliquant notamment aux techniciens où se trouvaient les dégâts.

Quelles nouvelles du front ? Demanda Darkhand en reprenant soudain son sérieux
Pas mal de choses...Allons dans tes quartiers veux-tu ?
Bonne idée, suis-moi.

Les deux officiers quittèrent le quai et prirent le chemin de la caserne des officiers, située non loin du chantier de construction. En chemin il dirent mot, la pluie assourdissante les aurait empêché de s'entendre.

Ils entrèrent dans la caserne des officiers et suivirent un couloir blanc et simple le long duquel se trouvaient les différentes chambres. Darkhand s'arrêta devant l'une d'elle et l'ouvrit au moyen d'une carte.

La pièce était meublée simplement, une table ronde,  deux fauteuils de cuir blanc. Au fond se trouvait la chambre. Darkhand fit s'installer son ami dans l'un des fauteuils; il prit l'autre.

Je suis désolé je n'ai rien à t'offrir, fit-il un peu gêné devant son manque d'hospitalité.
Ce n'est pas grave...répondit Killian avec un sourire amusé

Il fouilla dans sa veste et en retira une flasque en métal.

Tu as quand même des verres non ? Plaisanta-t-il

Le général se leva et alla chercher deux verres simples dans un petit meuble de bois clair enchâssé sous la table.

Kubayashi a tenu l'île face à l'ennemi. Reprit Killian en tendant la flasque à son ami
Ce n'est pas étonnant, c'est un excellent officier. Répondit Darkhand
Oui...mais son talent n'a pas tout fait...
Que veux-tu dire ? Fit Darkhand en l'interrogeant également du regard

Killian se gratta la gorge et s'enfonça dans le fauteuil. Il croisa ses doigts sur son ventre et lança:

Et si je te disais qu'il est possible que nous ayons un nouvel allié ?

XIII

Quelques heures plus tôt, à Tokyo au centre de commandement.

Le calme commençait à s'en aller dans le PC principal de Tokyo, les officiers arrivaient et les civils s'affairaient. Lex allait bientôt devoir venir prendre ses fonctions pour aujourd'hui...

Parcourant les courbes féminines avec la paume de ses mains, Rage ferma les yeux. Il se perdait en elle alors qu'elle l'embrassait. Les cheveux de soie caressaient son visage extasié; il appréciait la douceur de la poitrine contre lui, la chaleur qui lui brûlait le bas-ventre le rendait ivre de plaisir.
Sur son épaule il sentait son souffle chaud qui se saccadait au rythme de ses reins alors qu'elle l'étreignait.

Il ouvrit les yeux. Elle le regardait aussi fixement qu'elle pouvait, son front en sueur brillait par la lumière douce de la lampe de chevet, elle se pencha vers lui... Il sentit alors qu'elle l'écrasait volontairement sous son poids, elle serrait les jambes pour l'empêcher de bouger. Elle contint un râle de plaisir alors qu'elle enfonçait légèrement ses dents dans la peau de Lex, lequel senti alors une explosion dans sa tête. Son corps entier se mit à frémir alors qu'ils attinrent ensemble le nirvana.

Elle se raidit une dernière fois et s'effondra de tout son poids sur Lex, lequel eu sur le coup le souffle coupé. Ils restèrent ainsi de longues minutes et ce fut elle qui bougea en premier. Elle se redressa doucement et passa une main dans ses cheveux trempés. Souriante elle bascula sur le côté et se leva du lit. Lex tourna la tête et l'observa s'en aller vers la salle de bain. Puis il se redressa et chercha à tâtons ses lunettes qui étaient tombées sous le lit, un peu plus tôt. Il les chaussa  puis se leva et alla lui aussi dans la salle de bain .

Elle était devant la glace surplombant le lavabo, sa passant un gant de toilette humide sur le visage. Aussi nue qu'Eve, elle semblait plus belle que jamais; les courbes délicates et la blancheur pure de son corps étaient autant d'éléments qui la rendaient désirable.
Lex se saisit d'une serviette de toilette et s'essuya le front. Il se dirigea vers le lavabo et embrassa sa belle dans le cou, puis récupéra un gant et se lava lui aussi le visage.

Ils restèrent là quelques minutes, lavant chaque centimètres de leurs corps sans dire un mot. Lex sortit de la salle de bain et alla fouiller dans le tiroir sous le lit pour prendre son uniforme. Il se mit en tenue rapidement, avec sa dextérité habituelle.
Il servit deux tasses de café, et la vit sortir de la salle de bain. Ses pas légers ne faisaient pas le moindre bruit sur le sol doux de la chambre. Elle se pencha également au-dessus du tiroir pour prendre son uniforme. Elle l'enfila en poussant un bâillement à s'en décrocher la mâchoire puis elle se recoiffa encore une fois, puis une autre.

Arrête donc. Tu es très bien comme ça. lui lança gentiment le général
J'aime beaucoup mes cheveux, je veux qu'ils soient bien peignés. répondit-elle avec un sourire provocateur
Viens donc prendre un café, il est chaud. On doit être dans la salle de communications d'ici quinze minutes.
Je sais...mais il n'y a surement rien eu d'important sinon on nous aurait contacté. Soupira-t-elle
Ce n'est pas plus mal...

Elle s'installa à la table et avala une gorgé de café en grignotant un biscuit sablé. Lex la regardait intensément, avec un sourire tendre. Elle fronça affectueusement le nez et lui fit un clin d'œil complice.

Ça fait combien de temps maintenant...commença-t-il
Pitié Lex tu ne vas remettre ça. On est bien, et à ta place j'aurais fais la même chose.
Possible...ajouta-t-il en finissant sa tasse.

C'est à ce moment que l'on frappa à la porte.

Entrez ! Ordonna Lex

La porte s'ouvrit et un homme d'une quarantaine d'années entra. Il se mit au garde-à-vous et salua.

Mon général vous êtes demandé d'urgence dans la salle de communication. Il y a des transmissions importantes qui viennent d'arriver.
Merci soldat. Vous pouvez disposez, nous y allons de ce pas.
Mon général ! Caporal  !

L'homme se retira prestement et la porte se ferma derrière lui. Lex se mit à rire et lança

C'était moins une ! Pour un peu il serait venu pendant la douche !
Bah ! Il aurait eu des choses à raconter au moins.
Bon il faut y aller. Je me demande ce qu'il y a encore

Lex se leva et récupéra sa casquette de général d'armée posée sur une tête en mousse. Il ouvrit la porte et se retourna. La pièce était vide.

Dépêche-toi ! Qu'est-ce que tu fais encore ?
J'arrive j'arrive, répondit la petite voix depuis la salle de bain, j'ai oublié mes baguettes laquées !
Tes cheveux peuvent attendre ! Lança-t-il, agacé
Elles sont là, voilà.
Noriko !

La jeune femme, désormais caporal chez les Combattants de l'Aube, arriva en courant, doubla Lex, l'embrassa furtivement et s'engouffra dans le couloir. Le général ferma la porte et prit la même direction que sa jeune subordonnée.

Il finit par arriver devant la salle des communications. Il y pénétra après avoir entré son code d'accès. Noriko, qui avait couru comme une diablesse était déjà en train de s'activer au travail. Lorsqu'elle le vit, elle vint à sa rencontre.

Mon général, commença-t-elle, nous avons reçu un rapport de l'amiral Killian Rouzov, un du lieutenant Kubayashi et un message prioritaire de l'agent Morison !
Montrez-moi ça. Ordonna-t-il
Si vous voulez me suivre.

Ils arrivèrent devant l'éternel panneau de contrôle où travaillait souvent Noriko. Elle fit jouer ses doigts sur le clavier et fit sortir le rapport de Killian. Lex s'en saisit alors qu'elle lui tendait et se mit à marmonner.

«La flotte alliée a été repoussée pour le moment. Avons subit des pertes mais rien d'important, néanmoins le Toyotomi est sérieusement endommagé, demande autorisation de repli pour réparation.» Hum...répondez à l'amiral Rouzov que sa demande est acceptée et de voir avec le général Darkhand pour les réparations.
A vos ordres.

Noriko fit sortir le rapport du lieutenant Kubayashi et le tendit au général Rage qui s'en saisit, puis elle rédigea la réponse à l'intention de l'amiral Killian Rouzov.

«L'attaque soviétique a été repoussée» commença à lire Lex dans sa barbe. «Néanmoins un événement inattendu s'est produit. Une armada aérienne alliée dirigée par le colonel James T. Moody est venue à notre rescousse. Après leur aide, les alliés se sont fait portés prisonniers. Ils désirent rejoindre...»

Lex marqua un temps d'arrêt...Moody était  un ancien ami qu'il avait connu à l'époque où il était encore en France et qui avait choisi de partir vers les États-Unis plutôt que vers l'URSS. Il resta quelques secondes à réfléchir puis se tourna vers Noriko.

Caporal, expliquez au lieutenant Kubayashi qu'il doit pour le moment garder ses prisonniers, et les traiter correctement. Dites lui que je dois en référer aux autres officiers supérieurs et que nous lui ferons parvenir notre décision. Jusque là il doit continuer à tenir l'île, même avec ces prisonniers.
A vos ordres. Acquiesça Noriko. Tenez mon général, voici le message de l'agent Morison.
Merci !

Lex se gratta les yeux puis se pencha sur le message.

«Mon général, le soldat K. Shounouei a été retrouvé et sauvé. Les ravisseurs supposés sur les lieux ont été neutralisés. Shounouei a été blessé, il doit être hospitalisé. Je serais de retour dans peu de temps, probablement après les premiers rayons du soleil. Ce soldat parle d'un complot de séparatistes qui critiquent la voie choisie par l'Empereur.»

Lex reçu cette nouvelle comme on reçoit un coup de poing. Si les dires de Sarah étaient exacts il faudrait faire une importante enquête au coeur du pays, peut-être même chez les officiers...

Mon général ? S'inquiéta Noriko. Vous allez bien ?
Comment ? Fit Lex, sortant de ses pensées
Vous allez bien ?
Ces messages pèsent leur poids caporal...ils contiennent de très importantes nouvelles. Je veux que vous fassiez une copie CD des messages du lieutenant Kubayashi et de l'agent Morison et que vous les effaciez de la mémoire de l'ordinateur, est-ce clair ?
Oui mon général.
Autre chose.
Je vous écoute !
Quand vous aurez fais cela, je veux que vous contactiez un agent des Combattants de l'Aube.
Qui dois-je contacter ?
Un de nos agent de renseignement...Wolf.

XIV

Kubayashi se vautra dans son confortable fauteuil d'officier, basculant la tête en arrière, yeux clos, pour respirer un grand coup. La nuit avait été longue et il n'avait pas dormi depuis maintenant 24h.
Il se sentit partir, tiré par les bras de Morphée quand il entendit une communication arriver sur son ordinateur.
Il pesta entre ses dents et se leva pour aller s'installer devant l'écran de verre, soutenu par une tige de fer fixée sur son bureau. Il ouvrit la communication machinalement et le visage de l'officier de liaison Hasegawa apparu.

Lieutenant Kubayashi. Commença-t-elle, sourire aux lèvres
Content de vous voir Noriko, répondit Kubayashi dont la charge de travail avait fait oublier le protocole. Des nouvelles ?
Votre message est arrivé. Vous avez ordre de garder vos prisonniers le temps que le général Rage fasse un rapport. Vous devez traiter vos «invités» avec égard.
Je ferais comme il faudra, fit-il entre deux bâillements.
Mon lieutenant ? Comment se passe l'opération pour le moment, si je puis me permettre ? Se risqua Noriko, profitant du manque de concentration du lieutenant pour assouvir sa curiosité.
Mieux que ce que j'avais prévu. Il faut admettre que l'intervention des alliés dans notre bataille contre les Rouges nous a permis de tenir...
Pensez-vous que cet homme qui se dit un ami du général Rage veuille véritablement nous rejoindre ?
C'est possible...ou alors les officiers alliés ont décidé de prendre des risques énormes en se jetant ainsi chez l'ennemi.

Kubayashi se frotta l'œil droit nerveusement, il sentait ses paupières s'alourdirent devant la lumière de l'écran.

Et vous Noriko ? Comment se passe les affaires pour vous ? Reprit-il comme s'il avait toujours connu la jeune femme travaillant aux communications.
Mon travail m'emplit de fierté Kubayashi-san, je suis comblée sur bien des points.
Ah vraiment ? Hé bien c'est une bonne chose. Je ne pensais pas que les communications pourraient développer pareil engouement.

Goûtant le sous-entendu dans la phrase du lieutenant, Noriko jugea bon de ne rien dire quant à l'évolution de sa vie privée, surtout rapport à sa relation avec son supérieur.

Que voulez-vous lieutenant ? Je me suis découvert une vocation peut-être ? Lança-t-elle naïvement afin de brouiller les pistes.
Tant mieux pour vous ! Maugra Kubayashi, trop éreinté pour avoir voulu faire le moindre sous-entendu.
Je dois vous laisser mon lieutenant. Vous avez vos ordres. Hasegawa terminé !
Merci caporal...

L'écran retrouva son aspect translucide alors que la communication se coupa. Kubayashi resta quelques seconde immobile, tentant d'évacuer par ses oreilles le brouillard lourd qui lui flottait dans le crâne.
Quelques minutes passèrent. Le lieutenant partait, il le sentait. Le sommeil le gagne alors qu'il restait assis devant son écran. Alors qu'il s'endormait, sa tête tomba en avant et vint heurter le bois dur du bureau dans un «boum!» retentissant ! Kubayashi se releva aussitôt posant sa main gauche sur son front endolorit.

Putain de saloperie ! Vociféra-t-il et donnant un coup de pied dans le bureau, oubliant qu'il était pieds nus et se broyant de cette manière deux orteils.

Le lieutenant impérial se mordit l'index de la main droite pour ne pas hurler de douleur, frappant nerveusement le sol de ses talons. Il lâcha son front et arrêta de se mordre. Il remonta son pied au niveau de sa cuisse et en massa les orteils victimes. De sa main droite, libre, il ouvrit un tiroir de son bureau et en sortit un verre ainsi qu'une bouteille de saké déjà entamée. Il la déboucha d'un geste expert et vida une lampée d'alcool de riz dans son verre. Il vida ce dernier d'un trait avant de le remplier à nouveau. Ses orteils lui faisaient moins mal.
Il se leva, le verre à la main et avança vers la fenêtre de verre fin. Il écarta les stores de ses doigts libres et regarda sa base, ou plutôt ce qu'il pouvait voir d'ici.
Ses hommes étaient fatigués. La base était calme, seuls restait le bruit des pas des sentinelles. Même le Oni était au repos. Kubayashi posa son regard fatigué dans son verre de saké, qu'il fit bouger pour faire tourner son contenu.

Nous sommes tous à plat...mais l'objectif est acquis. Les îles sont à nous. Se réconforta-t-il en repartant vers son fauteuil de cuir. Je me demande quelles seront les conséquences de l'attaque surprise des avions alliés...Cette guerre ne sera pas simple, l'Empereur nous l'avait dit.

Il se laissa tomber dans son fauteuil, s'aspergeant presque d'alcool. Il vida le verre et le laissa tomber au sol. Il resta là quelques minutes, le choc contre le bureau l'aillant quelques peu réveiller, à fixer le plafond blanc de la pièce. Il lissa sa fine moustache et fronça les sourcils, assaillit par nombres de pensées. Allait-il passer la nuit à réfléchir ?



Les pieds délicats de Taka semblaient flotter sur le bois laqué de la pièce. La jeune femme, mince et raffinée, semblait être noyée dans son immense kimono blanc. Elle avait eu droit à deux jours de repos et elle comptait en profiter pour se détendre au maximum. Elle fit glisser la porte de papier et entra dans la salle de bain où la lumière s'alluma automatiquement.
Elle se dirigea à pas légers vers une petite table munie d'un écran et de divers boutons. Elle en fit tourner un, ce qui eut pour conséquence d'allumer le bain chaud bouillonnant dans une grande baignoire ronde en porcelaine, sur laquelle était peinte une frise représentant un dragon des légendes anciennes.

Taka enleva son kimono et l'accrocha au perroquet de verre à gauche de la porte, qu'elle referma doucement. Elle libéra ses cheveux blonds, retenus prisonniers par deux baguettes laquées servant à attacher les chignons, et monta les trois marches de bois clair qui permettaient d'entrer dans le bain. Elle plongea un pied avec méfiance, pour juger de la température de l'eau puis, estimant celle-ci idéale, entra dans la baignoire.  Elle profita de cet instant de détente si rare dans son travail. Elle posa sa tête sur le support prévu à cet effet à l'extrémité de la baignoire, et tandis que les bulles d'air  la massaient, laissa ses jambes se faire porter par l'eau chaude. La vapeur emplissait la pièce autant que des souvenirs emplissaient sa mémoire. Combien de personnes avait-elle assassinées ? Trop pour un être humain se disait-elle, mais pas assez pour mettre fin aux agissements contre son pays.

Elle ferma les yeux, chassant ces mauvaises pensées de son esprit et s'abandonna à la tendre chaleur de son bain. Les minutes s'écoulaient doucement. Taka ouvrit les yeux et posa un regard sur la porte close. Il y avait quelqu'un, elle le sentait...
Elle sortit sa main de l'eau et la passe rapidement devant le contacteur de lumière, laquelle se coupa immédiatement. Elle se leva lentement, et sortit de l'eau sans le moindre bruit. Elle appuya son poids sur un pied à chacun de ses pas pour minimiser le grincement du parquet, lequel se mit à gémir dans une pièce de la maison.

Désormais sûre que quelqu'un était entré chez elle, Taka enfilant rapidement une culotte, une  serviette de bain blanche trop grande attachée par un ruban dont elle se servait souvent comme chemise de nuit et une paire de petits chaussons d'intérieur qu'elle gardait dans la salle de bain. Elle ouvrit une petite trappe  au dessus du lavabo et en sorti un étui contenant un wakizashi.
Elle se dirigea vers la porte, la fit coulisser aussi discrètement que possible et se faufila dans la faible ouverture qu'elle avait faite. Elle avança lentement et se plaqua contre le mur de bois, essayant de juger au bruit du parquet où pouvait se trouver l'intrus.

Soudain la porte de papier située près d'elle s'ouvrit doucement. Taka s'accroupit, tenant fermement sa lame. Au moment où la silhouette apparue, la jeune femme abattit sa colère et transperçant le pied de l'intrus, lequel hurla de douleur, de toute la force de ses poumons. L'individu était vêtu d'une tenue d'assassin japonais, semblable à celle que porte habituellement. Taka retira la lame et en un éclair la planta sous le menton de l'intrus.

Le mur de papier face à elle vola en éclat et un homme, vêtu de la même tenu que le premier fit irruption. Il se jeta sur Taka tout sabre dehors. La jeune femme esquiva en tournant sur elle-même et tailladant dans le même mouvement le bras droit de son ennemi. La grâce avec laquelle elle effectuait ses mouvements faisait ressembler la scène à une sorte de ballet. Avant que son attaquant ne porte une seconde attaque, elle lui faucha les jambe d'un coup de pied. L'homme tomba à terre et avant de comprendre sentit une lame glaciale lui traverser le dos, le clouant au sol.

Taka se saisit du sabre que l'intrus avait lâcher. Et se prépara en voyant deux nouveaux ennemis arriver. Il fallait appliquer la technique de base: laisser les opposants se gêner. Contre toute-attentes les deux hommes chargèrent ensembles. Taka arrêta la lame d'un d'eux avec son propre sabre et flanqua un magistral coup de genou dans les bourses du second, lequel tomba à terre en criant.
L'ennemi de la jeune femme qui était encore debout porta attaques sur attaques ne parvenant jamais à toucher la jeune femme. De son côté celle-ci ne parvint pas non plus à blesser son adversaire.

La vitesse des actions et la brutalité des coups firent que le ruban, fermant la serviette de Taka, se relâcha et tomba au sol, libérant la jeune femme des contraintes du vêtement et exposant une partie de sa féminité aux yeux de son adversaire qui s'immobilisa, pris de court devant la scène.
Ce fut la seconde de trop pour lui. A peine eut-il vu le corps de la tueuse qu'une lame lui perforait l'œil, se cherchant un chemin à travers le crâne.
L'attaquant au sol, reprenant conscience et comprenant que sa vie ne durerait pas s'il ne faisait rien donna un coup de pied dans la jambe de Taka avec l'énergie du désespoir. La jeune femme chuta au sol, surprise de ce coup.

A plat dos, à demi-nue, elle allait se relever quand une lame vint lui chatouiller la gorge de sa pointe. Trois hommes étaient autour d'elle et la regardait à travers leurs cagoules.

C'est elle ? Fit l'un d'eux
D'après la description, oui.
Sans elle, Rage sera plus facile à atteindre et sans Rage...
Il suffit. Fit le troisième homme. Elle ne doit pas mourir, enfin pour le moment. Nos ordres sont de la capturer. Nos employeurs sont persuadés qu'il y a une taupe au Kremlin, ils pensent qu'en enlevant à un général son garde du corps, et en l'interrogeant ensuite ils peuvent faire d'une pierre deux coups.
Peu importe, du moment qu'ils paient.

L'homme qui était le chef retira sa cagoule.

Ils paieront. Et cet argent sera utile pour mener à bien notre petite affaire. Le Japon à besoin d'être remis dans le droit chemin. Et pour ça, cette enflure de Rage doit être évincé.

Il lâcha un crachat sur la joue de Taka, et d'un air méprisant lui lança:

Tu entends ça salope ? Toi et ton «général»...vous allez disparaître...

XV

Quelques minutes plus tôt.

Les talons aiguilles résonnaient sur le sol dallé du couloir. Malgré son allure vive, la jeune russe tentait de paraître le plus calme possible. Elle ouvrit la porte son bureau, y pénétra et s'empressa de la refermer. Elle devait agir vite, elle était découverte...elle le savait. Elle s'installa à son bureau et alluma son ordinateur qui, à son goût, était bien lent.
D'un geste rapide elle recoiffa une mèche rebelle qui lui chatouillait le nez, et ouvrit son programme de messagerie. Elle composa un code et commença à rédiger.

[ Général Rage. Les choses ne se passent plus au mieux. Les services de contre-espionnage de mon pays m'ont, semble-t-il, repérée. Je ne sais combien de temps il me reste avant qu'ils ne me neutralisent.
J'ai obtenue il y a quelques minutes une information confidentielle, et c'est ce qui m'a fait remarquer: il semblerait qu'une cellule séparatiste japonaise œuvre de concert avec les forces russes afin de préparer une action contre votre gouvernement.
D'après ma source, un membre de votre unité répondant au nom de code «hinoiri» est en vue pour être kidnappé !
Je ne peux m'empêcher de trouver que ces informations tombent «un peu trop bien». Soyez prudent.]

Au fur et à mesure qu'elle écrivait, un logiciel pirate codait son texte, le rendant déchiffrable que par les autorités japonaises.
Elle toussa, et se passa la main sur la gorge comme pour tenter d'arracher le noeud qui s'y trouvait. Elle se dandina légèrement sur son siège, mal à l'aise et entendit des pas rapide dans le couloir. Elle se pencha à nouveau sur l'écran et termina.

[ Je conclue mon général. J'entends qu'ils viennent pour moi. J'ai été heureuse de vous offrir mon aide.

Votre partenaire et amie,
Natalya ]

Elle envoya le message et la porte de son bureau s'ouvrit avec fracas. Deux soldats soviétiques firent irruption et la braquèrent. Elle se leva, cachant son angoisse: ils pouvaient tout à fait l'abattre sur place, elle le savait. Elle remis sa jupe, et une fois encore dégagea la mèche de cheveux roux qui la gênait, si elle devait mourir aujourd'hui au moins elle présenterait bien.

Cependant les conscrit ne firent pas feu, ils se contentaient de la tenir en joug, ce qui ne manqua pas d'ajouter de la surprise à son angoisse. Un officier fit alors son apparition dans le cadre de la porte et entra dans le bureau. C'était un homme grand et mince avec une moustache touffue qui surplombait une bouche pincée dans un sourire mauvais. Il se tenait droit comme un «I» et fixait Natalya de ses yeux couleur acier, il la dévisageait d'un regard presque malsain. Il prit une inspiration comme s'il allait se lancer dans un opéra.

Ah ma chère Natalya. Fit-il en souriant, découvrant une rangée de dents à la blancheur douteuse, mais néanmoins parfaitement droites. Que de fil à retordre vous nous avez donné ! Vous pouvez être fière de vous.
Que de sarcasmes général Martinov, se risqua-t-elle. Vous ne...
Silence ! Tonna-t-il. Alors...votre message est-il bien parti ? Non ne répondez pas, bien sûr qu'il est parti...Et c'est tant mieux !

Natalya le regarda non pas surprise mais soupçonneuse. Voyant son air dubitatif, Martinov explosa de rire.

Voyons ! Vous étiez un as dans la manche de notre ennemi, mais une carte peut changer de main vous savez !

Natalya goûtait très peu les métaphores du général Martinov, même lorsqu'ils étaient amants autrefois ces pointes d'esprit avaient tendance à l'agacer. L'officier soviétique reprit son sérieux et commença marcher à travers le bureau, les mains serrées derrière le dos, tandis que les deux soldats continuaient de pointer leurs armes sur la jeune femme russe.

Lorsque nous avons découvert que vous n'étiez pas aussi loyale que nous le pensions, nous avons décidé de vous utiliser au mieux de nos intérêts, il suffisait juste de choisir quelles informations vous alliez transmettre à ce cher Lex.

Il s'approcha de Natalya et la gifla du revers de la main. Sous le choc la jeune femme fût obligée de se retenir à son bureau pour ne pas tomber. Elle sentait sa joue brûler, mais elle ne montra pas le moindre signe de douleur, elle ne lui ferait pas ce plaisir. Martinov se frotta la main comme s'il avait touché quelque chose de sale.

Vous me dégoûtez, fit-il, méprisant. Et aujourd'hui vous allez devoir payer pour le vie russes que vous avez offertes aux Japonais !

Natalya, droite et fière fixait Martinov et lui lança:

En agissant ainsi j'ai sauvé de nombreux soldats de notre peuple en...

Elle n'eut pas le temps de finir qu'une nouvelle gifle vint meurtrir sa joue déjà rouge

Le peuple russe n'est plus «votre» peuple ! Comme une vulgaire putain vous vous êtes donnée à ces impériaux.

Il passa une main dans les cheveux de Natalya pour mieux voir son visage.

Mais si telle est la voie que vous avez choisi...Vous ferez le bonheur de nos soldats en garnison ici après votre interrogatoire ! Reprit-il dans un ricanement froid.

Les deux conscrits ne purent retenir un sourire mauvais, ce que remarqua Natalya. La jeune femme eut néanmoins le bon sens de ne rien dire ni faire.

M'interroger...fit-elle doucement, pourquoi ? Vous savez déjà ce que je faisais.
Oui mais avant que nous ne le découvrions ? Éclata une nouvelle fois de rire l'officier. Vous voulez éviter l'interrogatoire c'est ça ? Ou peut-être vous retrouver plus vite dans les bras de nos hommes ?

Les deux soldats étaient maintenant au bord du rire, mais ils se retinrent, sachant que Martinov n'apprécierait pas ce manque de discipline.
Natalya quant à elle luttait pour contenir sa haine et son dégoût. Elle serra sa main posée sur le bureau pour canaliser sa colère. Une perle de sueur lui coula du front et vint se perdre sur le vernis du meuble de bois.
Martinov, d'un léger hochement de tête fit approcher un des conscrit.

Mais si ça peut vous rassurer ma chère Natalya, vous n'êtes qu'un pion sur une plus grand échiquier. Votre rôle est bientôt terminé. Lorsque vous et l'agent que nous allons capturer serez au même endroit, nous espérons bien que les troupes japonaises interviendront.

Natalya ne comprit plus. Qu'avait-il derrière la tête ?
Martinov regarda le soldat qui s'était approché et lui fit un signe de la tête.

Le projet Vacuum va être testé grâce à cela...laissa-t-il sous-entendre

Au moment où la jeune femme comprenait, elle sentit la crosse d'une arme s'écraser contre sa tempe, puis...plus rien.



Tokyo, quartier général de Lex Rage.

...et il a fait comprendre qu'un mouvement rebelle s'élevait contre Sa Majesté ! Termina d'expliquer le soldat japonaise éreinté.

Sarah se tenait près de la porte, droite, glaciale et imposante. Rage, assis à son bureau semblait repasser tout le rapport de son soldat dans sa tête...

Il ne manquait plus que ça...commença-t-il enfin. Mais la trahison est monnaie courante dans les guerres.

Il regarda Sarah furtivement, laquelle fit de même, puis il se leva.

Excellent travail soldat, allez vous reposez dans vos quartier, vous avez droit à deux jours.
Merci mon général, lança le soldat en saluant son officier.

Il se dirigea vers la porte et au moment où il allait se pencher sur la poignée, elle s'ouvrit en coup de vent et Noriko pénétra dans la pièce en trompe, serrant fermement une feuille de papier dans sa main. Sans prendre la peine de saluer ses supérieurs, elle prit la parole.

Mon général, je crains que je vous apporte de très mauvaises nouvelles !

Elle tendit la feuille à son supérieur avant que celui-ci ne puisse dire quoique ce soit. Surpris il récupéra la feuille et la survola rapidement.

Nom de Dieu ! Vociféra-t-il, puis il tourna son regard vers son soldat qui souhaitait plus que tout aller se reposer. Il semblerait que ceci confirme votre rapport.

Il se tourna vers Sarah qui l'interrogeait du regard.

Natalya va être arrêtée ! Et Taka est en danger. Agent Morison, vous venez avec moi, il faut qu'on aille la trouver chez elle. Caporal, retournez à votre poste pour voir si nous avons d'autres nouvelles.

Cela faisait beaucoup d'événements en peu de temps...Il devait agir vite pour espérer sauver ses agents.

Mais pendant ce temps, un camion transportant des commandos et l'agent Taka faisait route vers un petit port de pêche où un transport les conduirait en Russie...